Ayant déjà évoqué plusieurs fois ces fameuses glandes surrénales, il est temps d’en dire un peu plus sur cette fonction endocrine cruciale pour la santé et, par ailleurs, indissociable de la fonction thyroïdienne. Autant mettre les choses au clair d’emblée : il convient de toujours assurer un équilibre rigoureux entre les glandes surrénales et la glande thyroïde. Par conséquent, il ne faut jamais traiter la faiblesse d’un de ces deux systèmes sans évaluer et éventuellement corriger l’autre. La médecine hospitalière reconnaît elle aussi cette règle.
Nous reviendrons à la glande thyroïde en temps opportun ; c’est un sujet bien plus connu. Beaucoup de patients bénéficient d’une exploration de leur fonction thyroïdienne, mais on néglige très souvent de se pencher sur leur fonction surrénalienne alors que les rôles physiologiques de ces différentes glandes sont tout aussi importants. On ne comprend pas l’origine d’un tel ostracisme qui explique bien des échecs des traitements thyroïdiens...
Il faut reconnaître que les voies biochimiques surréna- liennes présentent un certain degré de complexité. On s’intéressera surtout ici aux corticosurrénales (du latin cortex signifiant «écorce»), lesquelles enveloppent les médullosurrénales secrétant l’adrénaline ainsi que la noradrénaline (noms dont on comprend tout de suite mieux l’origine!), deux hormones produites en cas de stress sur lesquelles nous ne nous étendrons pas dans cette section.
C’est essentiellement l’action des hormones corticosurrénaliennes qui nous concerne ici. Elles appartiennent à trois familles distinctes: les minéralocorticoïdes sécrétés par la zone glomérulée, la plus externe située juste sous la capsule de la glande; les glucocorticoïdes secrétés par la zone fasciculée, juste au-dessous; les gonadocorticoïdes sécrétés par la zone réticulée, au contact de la médullosurrénale occupant le centre. Tout ce vocabulaire vous semblera bien indigeste mais, répétons-le, la plupart de ces hormones surrénaliennes jouent des rôles cruciaux pour la santé. En effet, les déficits en glucocorticoïdes et en gonadocorticoïdes entraînent un ralentissement du métabolisme (avec prise de poids, sauf dans les carences profondes où l’inverse peut survenir) et une fatigue parfois extrême...
Commençons par les glucocorticoïdes dont l’appellation évoque d’emblée le métabolisme des sucres (glucose). La zone fasciculée qui les fabrique occupe les trois-quarts de la corticosurrénale et ils jouent donc un rôle physiologique fondamental. Il s’agit du cortisol (et d’hormones apparentées) : la célèbre « hormone du stress » qui vous permet de faire face aux agressions et aux crises aiguës. Evoquons le «fight or fly» des anglo-saxons: grâce au cortisol, on affronte le danger et on se bat (fight)... ou on s’enfuit à toutes jambes (fly)!
Quelle que soit la réaction choisie, on a besoin d’enclencher le turbo et cela nous est permis par le cortisol. On comprend de suite que ce type de mécanisme répond aux situations de stress aigu nécessitant une réponse immédiate et brutale. Le drame du monde moderne résulte d’un stress beaucoup plus souvent chronique: on se fait engueuler par son patron, les voisins font du bruit, il a fallu héberger les beaux-parents vieillissants, etc.
La consommation prolongée du cortisol pour faire face à un stress chronique va finir par épuiser les réserves, d’où la fatigue, le mauvais contrôle du taux sanguin de glucose, les fluctuations anormales de ce dernier et par conséquent les fringales de sucre (appelées hypoglycémies en langage médical), puis leur corollaire incontournable: la prise de poids. Nous détaillerons les moyens d’évaluer ces problèmes dans la deuxième partie de l’article.