Le bisphénol-A constitue une cause aujourd’hui reconnue d’obésité, en particulier chez les jeunes filles, comme en atteste une grande étude chinoise parue le 12 juin 2013. Cette publication a fait l’objet de l’article du mois correspondant que je vous invite à consulter sur mon site internet www.gmouton.com dans la rubrique spécifique «Article du Mois».
Cet obésogène environnemental se retrouve partout, depuis les plastiques les plus variés (y compris ceux ayant servi à la confection des biberons et des Tupperware°) jusqu’au vernis intérieur des boîtes de conserve et des canettes de boissons. Plus le contenant est acide (tomates pelées, soda gazeux), plus ce produit chimique sera incorporé dans la nourriture.
Plus on chauffe le plastique (récipients en plastic spéciaux pour micro-ondes, gobelets à café ou à thé, bonbonnes en plastic des fontaines à eau et bouteilles d’eau minérale exposées au soleil en été), plus l’aliment ou la boisson seront contaminés. On trouve aussi le bisphénol- A dans la plupart des papiers thermographiques et donc dans les reçus de cartes de crédit et dans les tickets de caisse des grands magasins : ce poison redoutable pénètre bien à travers la peau et menace donc tout spécialement les caissières des supermarchés!
Les phtalates (en particulier le di-éthyl-hexyl-phtalate ou DEHP) s’avèrent eux aussi directement liés à l’obésité infantile ainsi qu’en attestent diverses études publiées depuis 2012, mais le phénomène est connu vis-à-vis des adultes depuis 2007. Augmentation du tour de taille, résistance à l’insuline, diabète de type II: on a droit à la panoplie complète...
Cette famille de perturbateurs endocriniens se retrouve partout: jouets en plastic mou pour enfants, sucettes, Nutella° (dont il a été retiré depuis 2012), contenants alimentaires, matériel médical (gants, cathéters, poches à sang), revêtements de sol, très nombreux cosmétiques (déodorants, shampoings, savons, gels de douche, fixatifs pour les cheveux, vernis à ongles), articles de papeterie (adhésifs, colles), rideaux de douche, bâches pour camions, produits pour l’automobile, etc. Il ne faut pas seulement se méfier du DEHP mais aussi du DINP, du DIDP, du BBP, du DBP, du DEP, du DCHP, du DNOP et du DMP: on voit qu’il y en a pour tous les goûts. Il n’y a rien d’étonnant à cela car le doux nom de «fragrance» cache généralement la présence de l’un de ces redoutables polluants.
Les organoétains constituent une famille d’obésogènes environnementaux moins connus, dont les noms peu familiers (tels les tributylétains ou TBT) n’en cachent pas moins de redoutables polluants, hautement toxiques pour de nombreux organismes marins, même à doses infinitésimales. Utilisés dans la peinture antisalissure (ou « anti-fouling ») destinée à protéger les coques des bateaux et plus généralement les structures et objets divers immergés, ils ont cruellement pollué les zones portuaires et les littoraux. Ceci explique l’interdiction mondiale de l’application des organoétains ou «composés organostanniques» sur les coques depuis 2003. Cette capacité de protéger les surfaces exposées à l’eau résulte de leur action biocide, expliquant pourquoi on les retrouve dans les insecticides, les fongicides, les acaricides et les herbicides. Ils sont encore très employés aujourd’hui pour protéger verres, bois, textiles et aussi le PVC dans les tuyauteries. Leur action obésogène est démontrée chez l’animal (souris, grenouilles) mais pas chez l’homme, enfin pas encore.
Les dioxines et les PCBs constituent d’autres perturbateurs endocriniens aux modes d’action complexes que nous avons déjà étudiés en détail dans les blogs # 24 & 25, en raison de leur action délétère sur la fonction thyroïdienne. Ils exercent un effet obésogène également via d’autres mécanismes, notamment suite à leur fixation sur certains récepteurs nucléaires appelés PPARs. Il en résulte un risque accru de prise de poids (en particulier d’obésité abdominale), de syndrome métabolique et même de diabète gras (ou de type II).